On répond : les choses. Mais il se pourrait que cette réponse si évidente menace déjà de nous faire manquer le sol préphénoménal que nous cherchons. En effet, l’advocation de l’étant comme « chose » (res) suppose déjà une caractérisation ontologique anticipée et [68] implicite. L’analyse qui, partant d’un tel étant, pousse jusqu’à son être rencontre les concepts de choséité [Dinglichkeit] et de réalité, puis l’explication ontologique de celles-ci s’achemine jusqu’à des caractères d’être comme la substantialité, la matérialité, l’extension, la juxtaposition… Mais l’étant tel qu’il fait encontre dans la préoccupation [Besorgen] demeure de prime abord en retrait, même préontologiquement, sous cette figure d’être [NT: La phrase est assez resserrée. Comprenons : même omis cette figure « évidente » de l’être qu’est la choséité [Dinglichkeit], l’étant tel qu’il est accessible à la préoccupation [Besorgen] refuse de se manifester comme ce qu’il est : il échappe à la choséité [Dinglichkeit].]. En appelant les choses de l’étant « de prime abord donné », on se méprend ontologiquement, même si ontiquement on a autre chose à l’esprit. Ce que l’on vise proprement demeure indéterminé. Ou alors l’on caractérisera ces « choses » comme des choses « douées de valeur ». Mais que veut dire ontologiquement « valeur » ? Comment faut-il saisir catégorialement cette « dotation » et le fait d’en être doué ? Abstraction faite de l’obscurité de cette structure de la « valeur », le caractère phénoménal d’être de ce qui fait encontre dans l’usage préoccupé est-il par là atteint ? [EtreTemps15]