sciences

Wissenschaften
ciências

Que penser de ce mouvement qui emporte les sciences, les amenant à s’assurer d’une unité toujours plus adéquate, d’une unité qui englobe ce qui s’offre à elles comme fonds représentable de théories et de faits observés? Nous avons déjà noté que l’interrogation scientifique est sans cesse aiguillonnée à éliminer les contradictions qu’elle rencontre. Celles-ci sont éliminées par un progrès qui conduit à résorber les contradictions dans une unité propre à porter les contradictions apparentes, c’est-à-dire à leur donner un fond, une raison. Dans le mouvement qui entraîne représentations et questions au delà du contradictoire domine l’invitation à fournir la raison appropriée. [GA10 94]

Les domaines respectifs des sciences sont nettement séparés les uns des autres. La manière dont chacun d’eux traite son objet est fondamentalement distincte. Cet éclatement en disciplines multiples ne doit plus aujourd’hui sa cohésion qu’à l’organisation technique en universités et facultés ; elle ne garde une signification que par la convergence pratique des buts poursuivis par les spécialistes. En revanche, l’enracinement des sciences dans leur fondement essentiel est bien mort.

Et pourtant, dans toutes les sciences quand nous suivons en chacune sa visée la plus propre, nous nous rapportons à l’étant lui-même. Du seul point de vue des sciences, aucun domaine n’a préséance sur l’autre, ni la nature sur l’histoire, ni inversement. Aucune manière de traiter un objet ne l’emporte sur l’autre. La connaissance mathématique n’est pas plus rigoureuse que l’historique ou la philologique. Elle n’a que le caractère de l’« exactitude », laquelle ne se confond pas avec la rigueur. Exiger de l’histoire l’exactitude serait trahir l’idée de la rigueur spécifique aux sciences de l’esprit. La relation au monde qui gouverne toutes les sciences comme telles les porte à rechercher l’étant lui-même, pour en faire à chaque fois, selon son contenu qualitatif et son mode d’être, l’objet d’une exploration et d’une détermination qui le fonde en raison. Dans les sciences s’accomplit — selon l’idée — un mouvement de venue en la proximité vers l’essentiel de toutes choses. [OQM]