Ensuite, laissant de côté la sentence d’Angelus Silesius, nous avons éclairci ce que, d’une façon générale, il faut entendre par les mots « pourquoi » et « parce que ». Ils désignent deux rapports différents de notre représentation à la raison. Par le « pourquoi » nous questionnons, et cherchons la raison. Par le « parce que » nous répondons, et fournissons la raison. Il semble donc que par le « parce que » nous resserrions le lien qui nous unit à la raison, alors que par le « pourquoi » nous éloignons pour ainsi dire la raison de nous. Mais, si nous y regardons mieux, c’est l’inverse qui nous apparaît. Par le « pourquoi », nous interpellons la raison pour qu’elle nous réponde et nous rende raison. Dans le « parce que », au contraire, nous lâchons la bride à notre représentation, nous la laissons aller justement dans la direction de la raison et de la chose qu’elle fonde. Par le « parce que » nous nous abandonnons à la chose une fois fondée; nous abandonnons la chose à elle-même et à la manière dont la raison, en la fondant, simplement laisse être la chose qu’elle est. [GA10 113]