Au seuil de cette recherche, nous ne pouvons élucider en détail tous les préjugés qui ne cessent d’entretenir l’indifférence à l’égard d’un questionner de l’être. Ils jettent leurs racines dans l’ontologie antique elle-même. Quant à celle-ci, elle ne saurait à son tour être interprétée [3] de manière satisfaisante — en ce qui concerne le sol où sont nés les concepts ontologiques fondamentaux ainsi que la légitimation adéquate de l’assignation des catégories et de leur énumération complète — qu’au fil conducteur de la question de l’être préalablement clarifiée et résolue. Par conséquent, nous ne discuterons ici les préjugés cités qu’autant qu’il est requis pour faire apercevoir la nécessité d’une répétition de la question du sens de l’être. Ils sont au nombre de trois : […] [EtreTemps3]
Et pourtant, dira-t-on, l’interprétation ontologique de l’existence du Dasein que nous venons de conduire ne repose-t-elle point sur une conception ontique déterminée de l’existence authentique, sur un idéal factice du Dasein ? Réponse : effectivement. Seulement, ce fait n’attend pas simplement que nous le reconnaissions et en fassions l’aveu sous la contrainte : il doit être conçu en sa nécessité positive à partir de l’objet thématique de la recherche. La philosophie ne contestera jamais ses « présupposés », mais jamais non plus elle n’aura le droit de se borner à les reconnaître. Les présuppositions, elle les porte au concept, et, du même coup, à un déploiement plus radical ce pour quoi elles sont présuppositions. Et cette fonction, c’est celle que s’assigne la méditation méthodique qui est maintenant requise. [EtreTemps62]