laisser-faire-encontre circon-spect

À côté de ces deux déterminations d’essence de l’affection qui viennent d’être explicitées – elle ouvre l’être-jeté, elle ouvre à chaque fois l’être-au-monde (In-der-Welt-sein) total -, une troisième détermination, qui contribue avant tout à une compréhension plus pénétrante de la mondanéité (Weltlichkeit) du monde, mérite l’attention. Nous avions dit plus haut (NA: Cf. supra, §18 (EtreTemps18), p. 83 sq.): c’est le monde préalablement ouvert qui laisse de l’intramondain faire encontre (begegnen). Or cette ouverture préalable, inhérente à l’être-à, du monde est co-constituée par l’affection. Le laisser-faire-encontre est primairement circon-spect, il ne se réduit pas encore à un ressentir ou à un regarder. Le laisser-faire-encontre circon-spect et préoccupé présente – ainsi que nous pouvons maintenant le voir avec plus d’acuité à la lumière de l’affection – le caractère du concernement. Mais le concernement par l’inutilité, la résistance, la menace de l’à-portée-de-la-main n’est possible ontologiquement que pour autant que l’être-à comme tel est d’emblée existentialement déterminé de telle manière qu’il puisse être abordé de cette manière par de l’étant rencontrable à l’intérieur du monde. Cette abordabilité se fonde dans l’affection en laquelle elle a ouvert le monde comme – par exemple – menaçant. Seul ce qui est dans l’affection de la peur, ou de l’impavidité, peut découvrir de l’à-portée-de-la-main du monde ambiant comme menaçant. L’être-intoné de l’affection constitue existentialement l’ouverture-au-monde du Dasein. EtreTemps29

Le présentifier s’attendant-conservant constitue la familiarité conformément à laquelle le Dasein comme être-l’un-avec-l’autre (Miteinandersein) s’y « reconnaît » dans le monde ambiant public. Nous comprenons existentialement le laisser-retourner comme un laisser-« être ». C’est sur sa base que l’à-portée-de-la-main peut faire encontre (begegnen) à la circon-spection comme l’étant qu’il est. Par suite, nous pouvons éclairer encore plus avant la temporalité de la préoccupation (Besorgen) si nous prenons garde à ces modes du laisser-faire-encontre circon-spect qui ont été caractérisés auparavant (NA: Cf. supra, §16 (EtreTemps16), p. 72 sq.) comme imposition, insistance et saturation. L’outil (Zeug) à-portée-de-la-main, considéré en son « en-soi véritable », ne fait justement pas encontre à un percevoir thématique de choses, mais dans la non-imposition de ce qui se laisse trouver dans l’« évidence » de son « objectivité ». Mais lorsque dans le tout de cet étant quelque chose s’impose alors apparaît du même coup la possibilité que la totalité d’outils s’impose comme telle. Comment le laisser-retourner doit-il être existentialement structuré pour pouvoir laisser faire encontre (begegnen) quelque chose qui s’impose ? La question ne vise plus maintenant des incitations factices infléchissant l’attention vers quelque chose de prédonné, mais le sens ontologique de cette possibilité d’inflexion comme telle. EtreTemps69

Ce que l’usage préoccupé ne maîtrise pas en tant que produire, que procurer, mais aussi en tant que détourner, que tenir-éloigné, que protection contre…, cela se dévoile dans son insurmontabilité. La préoccupation (Besorgen) s’en arrange. Toutefois, cet accommodement de… est un (356) mode propre du laisser-faire-encontre circon-spect. C’est sur la base de ce découvrir que la préoccupation (Besorgen) peut trouver devant elle ce qui dérange, perturbe, empêche, menace, et en général résiste d’une manière ou d’une autre. La structure temporelle de l’accommodement réside dans une non-conservation attentive-présentifiante. Le présentifier attentif, par exemple, ne compte pas « sur » l’étant inapproprié, mais néanmoins disponible. Le ne-pas-compter-avec… est un mode du tenir-compte de ce à quoi l’on ne peut s’en tenir. Il n’est pas oublié, mais conservé de telle manière qu’il demeure justement à-portée-de-la-main en son inappropriement. Un tel étant appartient au fonds quotidien (alltäglich) du monde ambiant facticement ouvert. EtreTemps69