Parce que cette différence entre l’être et l’étant se manifeste à la métaphysique lorsqu’elle transporte son regard de l’étant sur l’être, elle apparaît dépassement, c’est-à-dire transcendance. La transcendance est ainsi la forme intérieure de la métaphysique. Mais c’est une forme qui s’est renouvelée sans cesse au cours de son histoire. Pour des raisons que nous reconnaîtrons plus tard comme essentielles, le mot a eu des sens multiples qui, de plus, ont souvent interféré. Il a tout d’abord marqué la relation entre l’être et l’étant, cette relation qui conduit au-delà de l’étant jusqu’à l’être, comme nous venons de le dire. Mais il signifie encore la relation entre l’étant qui se transforme et celui qui demeure immobile, celui qui repose en lui-même. Enfin, éminemment, le mot s’applique au plus haut Etant qui, alors, est aussi nommé l’Etre. L’équivoque est à son comble.
En un autre sens, on peut aussi dire que le domaine de la métaphysique occidentale est constitué par la participation de l’étant à l’être, cette methexis à travers laquelle on se demande comment l’étant ainsi participant est à définir par l’être.
C’est à partir du mouvement de cette transcendance que vient le Dieu de la métaphysique. (excertos de Odette Laffoucrière, Le destin de la pensée et “La Mort de Dieu” selon Heidegger)