L’instance de l’être-là dans le rien sur le fond de l’angoisse cachée fait de l’homme le lieu-tenant du rien. Nous sommes à ce point finis que ce n’est nullement par décision ni vouloir propres que nous pouvons nous porter originellement devant le rien ; tel est l’abîme que la dimension de finitude creuse dans l’être-là que la finitude la plus propre et la plus profonde se refuse à notre liberté. QQMETA La réponse à la question
Le souci est être pour la mort. Nous avons déterminé la résolution devançante comme l’être authentique pour la possibilité — plus haut caractérisée — de la pure et simple impossibilité du Dasein. Dans un tel être pour la mort, le Dasein existe authentiquement (et) totalement comme l’étant que, « eté dans la mort », il peut être. Il n’a pas une fin où il cesse simplement, mais il existe de manière finie. L’avenir authentique, qui temporalise (330) primairement la temporalité qui constitue le sens de la résolution devançante, se dévoile ainsi lui-même comme fini. Et pourtant, dira-t-on, est-ce que « le temps », malgré le ne-plus-être-Là de moi-même, « ne continue pas » ? Est-ce qu’une infinité de choses ne peut pas se trouver encore « dans l’avenir », advenir depuis l’avenir ?
À ces questions, il faut répondre par l’affirmative. Et pourtant, elles ne contiennent aucune objection contre la finitude (Endlichkeit) de la temporalité originaire — pour la bonne raison qu’elles ne parlent absolument plus de celle-ci. La question n’est point de savoir ce qui peut encore se produire « dans la suite du temps » et quelle sorte de laisser-advenir-à-soi-même peut encore faire encontre (begegnen) « depuis ce temps », mais de savoir comment l’advenir-à-soi est lui-même originairement déterminé en tant que tel. Sa finitude (Endlichkeit) ne signifie pas primairement une cessation, mais elle est un caractère de la temporalisation elle-même. L’avenir originaire et authentique est le à-soi — à soi qui existe comme la possibilité indépassable de la nullité (Nichtigkeit). Le caractère ekstatique de l’avenir originaire réside précisément en ce qu’il clôt le pouvoirêtre, autrement dit est lui-même clos, et, comme tel, rend possible le comprendre existentiel dé-clos (résolu) de la nullité (Nichtigkeit). L’advenir-à-soi originaire et authentique est le sens de l’exister dans la nullité (Nichtigkeit) le plus propre. Énonçant la thèse de la finitude (Endlichkeit) originaire de la temporalité, on ne conteste nullement que « le temps continue », mais l’on cherche uniquement à maintenir ce caractère phénoménal de la temporalité originaire, qui se manifeste dans le projeté du projet existential originaire du Dasein lui-même. (EtreTemps65)