NT: les valeurs les plus haut placées.
Ici, une remarque s’impose à un traducteur : Nietzsche dit: die obersten Werte, et non pas die höchsten Werte, comme tout le monde dit aujourd’hui, et qui est tout simplement horrible. Les deux se traduisent, en langue romane, par suprême. C’est que oberst, superlatif tiré de oben, « en haut », nomme la hauteur ontique, c’est-à-dire ce qui se trouve tout simplement plus haut, parce qu’il est plus haut placé, a été placé plus haut. Tandis que hoch, adjectif originel, nomme la hauteur selon l’être, c’est-à-dire ce qui est haut par lui-même, sans y avoir été placé. Ainsi, on voit déjà, au seul emploi (nietzschéen) des mots, que toute valeur est essentiellement placée, c’est-à-dire posée par l’homme se comprenant comme sujet souverain. État défait qui est constamment et ouvertement nié par l’inconscience et le faux-monnayage christo-libéral d’aujourd’hui — après que le parler valeur a été surtout un apanage du fascisme — qui proclame tout joyeusement que les valeurs existent « en soi ». Cette inconscience se traduit fort conséquemment dans le langage qu’elle emploie en parlant constamment de höchste Werte, comme les médiévaux parlaient du summum ens. Comme si les valeurs étaient suspendues de toute éternité au ciel de leur anhistorialité ! {GA5)