co-compris

D’autre part, le comprendre authentique aussi bien qu’inauthentique peuvent derechef être véridiques ou fallacieux. Le comprendre, en tant que pouvoir-être, est radicalement transi de possibilité. Mais se transporter dans l’une de ces possibilités fondamentales du comprendre ne signifie pas dépouiller l’autre. Comme le comprendre concerne bien plutôt à chaque fois la pleine ouverture du Dasein comme être-au-monde [In-der-Welt-sein], le fait de se transporter, pour le comprendre, est une modification existentiale du projet en son tout. Dans le comprendre du monde, l’être-à est toujours co-compris, et le comprendre de l’existence comme telle est toujours un comprendre du monde. EtreTemps31

La préoccupation [Besorgen] s’ex-prime dans le « alors » (futur) comme s’attendant, dans le « alors » (passé) comme conservant, dans le « maintenant » comme présentifiant. Dans le « alors » (futur) est contenu le plus souvent implicitement le « maintenant pas encore », c’est-à-dire qu’il est parlé dans un présentifier s’attendant-préservant (ou oubliant). Le « alors » (passé) abrite en soi le « maintenant ne plus ». Avec lui s’ex-prime le conserver comme présentifier qui s’attend. Le « alors » futur et le « alors » passé sont co-compris par rapport à un « maintenant », c’est-à-dire que le présentifier a son poids spécifique. Sans doute il se [407] temporalise toujours en unité avec le s’attendre et le conserver, quand bien même ceux-ci peuvent être également modifiés en oubli sans attente, mode en lequel alors la temporalité s’empêtre dans le présent qui, purement présentifiant, ne dit plus que « maintenant-maintenant ». Ce à quoi la préoccupation [Besorgen] s’attend comme plus proche est advoqué dans le « dans un instant », et ce qui est rendu de prime abord disponible – ou perdu – est advoqué dans un « à l’instant ». L’horizon du préserver qui s’ex-prime dans le « alors » (passé) est le « plus tôt », celui du « alors » (futur) est le « plus tard » (« à l’avenir »), celui du « maintenant » l’« aujourd’hui ». EtreTemps79

Ce recouvrement nivelant du temps du monde accompli par la compréhension vulgaire du temps n’a rien de fortuit : au contraire, c’est justement parce que l’explicitation quotidienne [alltäglich] du temps se tient uniquement dans la perspective de l’entente préoccupée et ne comprend que ce qui se « montre » dans l’horizon de celle-ci que ces structures doivent nécessairement lui échapper. Le décompté dans la mesure préoccupée du temps, le maintenant, est co-compris dans la préoccupation [Besorgen] pour l’à-portée-de-la-main et le sous-la-main. Or dans la mesure où cette préoccupation [Besorgen] du temps revient elle-même au temps co-compris et le « considère », elle voit les maintenant, qui assurément sont eux aussi « là » en quelque manière, dans l’horizon de la compréhension d’être par laquelle cette préoccupation [Besorgen] elle-même est constamment guidée [NA: Cf. supra, §21 [EtreTemps21], surtout p. [100] sq.]. Par suite, les maintenant sont eux aussi conjointement [423] sous-la-main en quelque manière, c’est-à-dire que l’étant fait encontre et aussi le maintenant. Bien qu’il ne soit pas expressément dit que les maintenant sont sous-la-main comme les choses, ils n’en sont pas moins « vus » ontologiquement dans l’horizon de l’idée de l’être-sous-la-main. Les maintenant passent, et les maintenant passés constituent le passé. Les maintenant arrivent, et les maintenant arrivants délimitent l’« avenir ». L’interprétation vulgaire du temps du monde comme temps du maintenant ne dispose même pas de l’horizon requis pour pouvoir se rendre accessible quelque chose comme un monde, une significativité [Bedeutsamkeit], une databilité. Ces structures demeurent nécessairement recouvertes, et cela d’autant plus que l’explicitation vulgaire du temps consolide encore ce recouvrement par la manière dont elle configure conceptuellement sa caractérisation du temps. EtreTemps81