Depuis des siècles, la philosophie enseigne qu’il ya quatre causes : 1) la causa materialis, la matière avec laquelle, par exemple, on fabrique une coupe d’argent; 2) la causa formalis, la forme, dans laquelle entre la matière; 3) la causa finalis, la fin, par exemple le sacrifice, par lequel sont déterminées la forme et la matière de la coupe dont on a besoin; 4) la causa efficiens, celle qui produit l’effet, la coupe réelle achevée : l’orfèvre. Ce qu’est la technique, représentée comme moyen, se dévoilera lorsque nous aurons ramené l’instrumentalité à la quadruple causalité. [GA7, pag. 12].
La coutume, depuis longtemps, est de représenter la cause comme ce qui opère. Opérer veut dire alors : obtenir des résultats, des effets. La causa efficiens, l’une des quatre causes, marque la causalité d’une façon déterminante. Cela va si loin que l’on ne compte plus du tout la causa finalis, la finalité, comme rentrant dans la causalité. Causa, casus se rattachent au verbe cadere, tomber, et signifient ce qui fait en sorte que quelque chose dans le résultat « échoie » de telle ou telle manière. La doctrine des quatre causes remonte à Aristote. […] Ce que nous nommons cause (Ursache), ce que les Romains appelaient causa, se disait chez les Grecs aition : ce qui répond d’une autre chose. Les quatre causes sont les modes, solidaires entre eux, de l’ « acte dont on répond » (Verschulden). [GA7, pag. 13].
Ce système se détermine alors à partir d’une conception encore une fois modifiée de la causalité. Celle-ci ne présente plus maintenant, ni le caractère du « faire-venir pro-ducteur » (Hervorbringendes Veranlassen, dévoilement en mode de poiesis) ni le mode de la causa efficiens, encore moins celui de la causa formalis. [GA7, pag. 31].
Dieu, vu à la lumière de la causalité, peut tomber au rang d’une cause, de la causa efficiens. Alors, et même à l’intérieur de la théologie, il devient le Dieu des philosophes, à savoir de ceux qui déterminent le non-caché et le caché suivant la causalité du « faire », sans jamais considérer l’origine essentielle de cette causalité. [GA7, pag. 35].