bedenken

« Wir bedenken das Wesen des Handelns (Handeln) noch lange nicht entschieden genug (Roger Munier traduit: «Nous ne pensons pas encore de façon assez décisive l’essence de l’action. », CartaH, GA9)

bedenken : c’est évidemment le verbe denken précédé du préfixe be- qui n’est autre que bei- c’est-à-dire l’indice d’être auprès de… En latin: exactement le prae-. Il y a en allemand comme en anglais quantité de verbes auxquels s’ajoute le préfixe be- qui en change significativement le sens (To become par exemple c’est by-come: venir tout auprès de, venir se transformer au contact de…, d’où: «devenir». Besitzen c’est posséder = être assis auprès de…. C’est le sens premier du verbe «posséder» : post-sedere, je suis assis auprès de ce que je possède (« possession vaut titre »)). Denken veut dire « penser », bedenken (à condition de ne pas y importer la nuance de pensée « appliquée » = pensée mise au service d’autre chose) c’est le fait d’appliquer sa pensée à bien penser. Il y a bien là un sous-entendu d’attention.

Grâce au préfixe be- tous les verbes intransitifs peuvent devenir transitifs. Enden signifie «finir» (au sens de «la route finit ici»), et ich beende: «je finis», par exemple, mon travail. Beenden c’est faire porter la fin sur quelque chose. Danken signifie remercier, et ich bedanke mich : je me mets en position de te remercier. Bedenken, c’est donc : « gratifier de pensée » – non pas « penser quelque chose », mais «donner de la pensée à quelque chose qui en a besoin ». Wir bedenken nicht, écrit Heidegger : nous ne pensons pas encore en propre. Il ne s’agit pas de l’application (64) d’une théorie, mais du fait que «nous ne gratifions pas encore l’essence de l’agir d’une pensée… ». (FHQ:63-64)