extermination, anéatissement
Extermination se dit en allemand Vernichtung qui parle littéralement comme le français anéantissement. Le mot s’entend ainsi en écho avec nihilisme et c’est dans ce cadre précisément que Heidegger pense l’extermination dans la mesure où le nihilisme est le trait de notre époque où s’accomplit cette « histoire dans laquelle il n’en est rien quant à l’être même » (GA6T2, 304 ; Nietzsche II, p. 271). Cette histoire est celle de la métaphysique. Mais dans le même texte, écrit entre 1944 et 1946, Heidegger se fait comme une objection à lui-même :
Que peut bien signifier l’aître du nihilisme tel qu’il est ici pensé, par rapport à la réalité seule effective du nihilisme effectivement réel qui partout sème la confusion et la ruine, qui pousse au crime et au désespoir ? À quoi bon cette pensée du rien de l’être au regard de l’extermination réelle qui réduit effectivement tout étant à néant (Ver-nichts-ung alles Seienden) et qui, avec sa violence qui s’insinue partout, rend presque déjà vaine toute défense ? (GA6T2, 337.) (LDMH)
VIDE: (Vernichtung->http://hyperlexikon.hyperlogos.info/modules/lexikon/search.php?option=1&term=Vernichtung)
Il y a, dans l’angoisse, un mouvement de retraite devant… qui, assurément, n’est plus une fuite, mais un repos fasciné. Ce retrait devant… prend son issue du rien. Celui-ci n’attire pas à soi ; il est, au contraire, essentialement répulsif. Mais la répulsion qui écarte de soi est comme tel le renvoi, provoquant la dérive, à l’étant qui s’abîme dans son ensemble. Ce renvoi répulsif dans son ensemble, à l’étant dérivant dans son ensemble, selon quoi le rien investit l’être-là dans l’angoisse, est l’essence du rien : le néantissement (NT: J’adopte ici la traduction d’Henry Corbin qui rend le mieux compte du rapprochement des mots allemands Vernichtung anéantissement (nous ne disposons pas d’autre mot en français, rien n’ayant formé la racine d’aucun composé) et Nichtung. De même, plus loin : nichten, néantir, comme vernichten, anéantir.). Il n’est pas plus un anéantissement de l’étant qu’il ne surgit d’une négation. Le néantissement ne se laisse pas non plus mettre au même compte que l’anéantissement et la négation. Le rien lui-même néantit. QQMETA La réponse à la question