(…) « Das Denken (…) läßt sich vom Sein in den Anspruch nehmen, um die Wahrheit des Seins zu sagen. Das Denken vollbringt dieses Lassen. Denken ist l’engagement par l’Être pour l’Être. »
Retraduisons, en marquant plus nettement les inflexions du texte :
«Penser (…) se laisse prendre par l’être dans la parole que vous adresse l’être (à vous “êtrepensant”) ; (penser se laisse prendre…) afin de dire la vérité de l’être. Penser porte ce “laisser” à son accomplissement. Penser est l’engagement par l’être pour l’être. »
Que penser soit l’accomplissement de ce « laisser » (ce laisser qui se laisse prendre, par la parole de l’être, dans l’abord de cette parole qui s’adresse à l’être pensant), cela laisse entendre qu’il y a un profond rapport (54) entre penser et Gelassenheit. Il n’est pas possible en effet de penser, au sens de rendre grâce (Danken), si penser n’est pas « y-penser » — andenken. L’indication du préfixe an- ne doit surtout pas échapper : an — entendrons-nous, dans cet index de mouvement (mouvement d’aller vers un contact), l’écho du grec ἀυά : aller vers le haut ?
L’incomparable avantage de notre tournure « y penser », c’est qu’elle n’hypostasie en aucune façon ce à quoi il s’agit de penser. Y penser — en se laissant aborder par une très silencieuse requête, celle d’avoir à dire, en y pensant, ce qu’il s’agit d’en dire. (Fédier, FFEntendre:54-55)