fragwürdig

questionável
cuestionable
problemático
Fragwürdige = digne-de-question (GA10:54)
fragwürdig: digno de ser questionado, questionável (GA5BD)

« La ‘‘publicité’’ est bien ce qu’il y a de plus fragwürdig dans la sphère de la ‘‘société’’ actuelle », écrit Heidegger à Erhart Kästner (26 octobre 1966) – fragwürdig, au sens courant (louche, équivoque), mais surtout au sens littéral qu’entend toujours Heidegger dans ce mot : digne de question. (LDMH)


En 1944-1945, dans Achèvement de la métaphysique et poésie (GA50, 143 s.), il indique en ce sens que ce qui est fragwürdig (digne de question et ayant à être sans cesse questionné à neuf) ne se réduit pas à ce qui est fraglich (indécis, incertain, inexpliqué, et laissé par suite en reste sans qu’il soit nécessaire de questionner encore). Naissant de ce qui est digne de question, les questions ne peuvent trouver de réponse si répondre signifie produire un énoncé qui clôt la question ; autrement dit, questionner (fragen) ne se réduit pas à interpeller bruyamment pour obtenir un renseignement (anfragen), à interviewer avec insistance (befragen) comme y aspire un vouloir pressant, violent, et toujours inopportun : une question n’est pas une forme d’inquisition visant à s’emparer d’un savoir pour exercer un pouvoir, mais elle témoigne d’« une manière de prendre garde à ce qui est digne et de lui garder sa dignité » en tâchant d’y correspondre et de s’en faire l’écho par une méditation dont Heidegger dit encore qu’elle est le « laisser-être allant vers ce qui est digne de question (die Gelassenheit zum Fragwürdigen) » (GA7, 63 ; Essais et conférences, p. 77). (LDMH)


La pensée qui médite est en ce sens phénoménologie. Non qu’il s’agisse d’être ébahi devant un événement sensationnel, mais au sens où la pensée est interpellée par le phénomène qui invite à penser : à aller dans le sens de ce qui apparaît comme « digne de question » (fragwürdig, EC, 63). (LDMH)