sollen

sollen, müssen, devoir, dever, falloir, convenir, duty, obrigação, ter-de, dever-ser

La langue allemande dispose de deux verbes de modalité, müssen et sollen, que l’on traduit tous deux généralement par un seul verbe français : devoir. Le premier de ces verbes est utilisé dans un contexte que les grammaires allemandes qualifient d’obligation « matérielle », le second d’obligation « morale ». Nombre de traducteurs ont pris pour habitude, pour rendre ce que connote le premier, d’ajouter l’adverbe nécessairement (c’est l’option de E. Martineau dans sa traduction de Sein und Zeit). Je ne le ferai pas. Je conserverai donc la traduction par : devoir quand le contexte, comme ici, lui ôte toute ambiguïté, ou je transposerai la phrase en utilisant le verbe falloir, là où l’ambiguïté pourrait s’installer. En revanche, dans la mesure du possible, j’essaierai de traduire sollen, selon le contexte, par d’autres moyens (futur, introduit par le verbe aller – avoir vocation à – convenir). (Auxenfants; ETJA:§2N21)


VIDE: (sollen->http://hyperlexikon.hyperlogos.info/modules/lexikon/search.php?option=1&term=sollen)

devoir

Note de la traduction: “devoir” qui reúnit originellemnt les deux sens de commettre (une infraction) et d’être tenu (des conséqunces). (GA7 13)


Was soll ich tun ? « Qu’ai-je le devoir de faire ? » (par opposition à ce qu’il m’est interdit de faire).

Et non par opposition à ce que je ne peux pas faire, car je peux toujours faire ce qui est interdit. La caractéristique de la morale est en effet qu’on peut toujours passer outre, c’est-à-dire ne pas lui obéir. C’est une des expériences les plus directes de l’ordre moral que de me rendre compte que je peux toujours faire des choses immorales. C’est ce que dit saint Paul. Ovide aussi dit cela : Video meliora proboque deteriora sequor (Je vois ce qui est mieux, le meilleur, je l’approuve même – et je suis à la traîne du pire). Sollen, le devoir, c’est ce qui s’impose à moi comme devant être fait. « Faire », c’est tun. Tun est le même mot que l’anglais do, sauf que do a un sens beaucoup plus large ( « how do y ou do ?»). Tun c’est : to do something. C’est aussi le même mot que le grec θέσις (thesis) dans lequel il y a l’idée de « faire être ». Ce que nous appelons l’action morale est en effet une très particulière manière de faire être, qui n’a rien à voir avec les autres types de faire être. Si je fais être une table, il en résulte une table qui est là. Mais par l’action morale je fais être quelque chose qui a une tout autre allure : il s’agit en effet de faire être quelque chose qui a la particularité de ne pas être une chose. C’est la raison pour laquelle depuis Kant on a fait intervenir le concept de valeur (Wert). Si je mens, le mensonge est-il ? Ce n’est pas vraiment une chose – mais qui osera dire qu’un mensonge n’est rien? C’est quelque chose qui a une valeur, qui s’évalue : en bien ou en mal. Ce que l’on fait être par l’action morale, ce n’est donc pas une chose, mais une valeur. (FHQ:35)


La décision stratégique de Heidegger par rapport à ces lignes de force sémantiques (Schuld = faute, dette, être-coupable) consiste à concevoir « l’idée de l’être-en-dette à partir du mode d’être propre du Dasein ». Or, cela requiert une formalisation qui fait que « n’entrent pas en ligne de compte (ausfallen) les phénomènes vulgaires de dette, ceux qui sont relatifs à l’être-avec pré-occupé avec autrui » (SZ 283). En cela consiste sans doute la décision la plus lourde de conséquences : pour cerner le sens existential de l’être-en-dette, il faut mettre entre parenthèses les multiples manières dont nous pouvons devenir débiteurs les uns des autres, ainsi que, comme nous l’avons déjà vu, tout rapport à quelque chose comme un devoir (Sollen) et à une Loi ! N’y-aurait-il pas ici le risque d’une certaine « dé-moralisation » de la conscience ?

Qu’est-ce qui justifie cette exclusion ? Ce n’est rien d’autre que l’interprétation ontologique appuyée du phénomène de la dette ! Heidegger suppose — ce qui ne va nullement de soi — que dans l’hypothèse inverse, — l’interprétation éthique, où il y a dette parce que qu’il y a non-réponse à une injonction qui nous précède — la « faute » est pensée comme simple « défaut » (Mangel). C’est ce qui est le cas quand je dis : « J’ai failli à mon devoir ». Or, le « défaut » semblerait nous ramener aux catégories de la Vorhandenheit. Mais est-ce si sûr ? Qu’est-ce qui nous empêche d’envisager l’hypothèse inverse, à savoir celle d’une interprétation existentiale du phénomène du « défaut », du manque, etc. ? C’est sans doute ici qu’il convient de s’interroger avec Paul Ricœur sur les possibles effets pervers de cette « dé-moralisation de la conscience » (Ricoeur, Soi-même comme un autre, p. 404), où la notion de dette se trouve « trop vite ontologisée aux dépens de la dimension éthique de l’endettement » (Ibid., p. 405), la notion d’injonction faisant les frais de cette opération. (OTGreisch)


N21 La langue allemande dispose de deux verbes de modalité, müssen et sollen, que l’on traduit tous deux généralement par un seul verbe français : devoir. Le premier de ces verbes est utilisé dans un contexte que les grammaires allemandes qualifient d’obligation « matérielle », le second d’obligation « morale ». Nombre de traducteurs ont pris pour habitude, pour rendre ce que connote le premier, d’ajouter l’adverbe nécessairement (c’est l’option de E. Martineau dans sa traduction de Sein und Zeit). Je ne le ferai pas. Je conserverai donc la traduction par : devoir quand le contexte, comme ici, lui ôte toute ambiguïté, ou je transposerai la phrase en utilisant le verbe falloir, là où l’ambiguïté pourrait s’installer. En revanche, dans la mesure du possible, j’essaierai de traduire sollen, selon le contexte, par d’autres moyens (futur, introduit par le verbe aller – avoir vocation à – convenir). (ETJA)