La finalité que vise l’‘être-résolu’ est ontologiquement préfigurée dans l’existentialité du Dasein en général, et ce en tant que ‘pouvoir-et-savoir-être’ dans la guise de la sollicitude en contexte de préoccupation. Toutefois, en tant que souci, le Dasein est déterminé par la facticité et par la déchéance. Dès lors qu’il est ouvert-révélé dans son « là », il se tient co-originellement dans la vérité et dans la non-vérité. [299] Précisément, en tant que l’‘être-résolu’ est la vérité proprement dite, cela s’applique « proprement » à lui. Il s’approprie proprement la non-vérité. Le Dasein est à chaque fois déjà dans l’irrésolution [Unentschlossenheit], et il y sera de nouveau, éventuellement sous peu. Ce qu’exprime le terme d’irrésolution, c’est seulement le phénomène que nous avons interprété plus haut comme étant le fait pour le Dasein d’être livré à l’état d’explicitation dominant qu’est celui du ‘On’. En tant que ‘soi-comme-On’, ce qui « anime » le Dasein, c’est l’équivocité sagace de l’‘être-public’, dans lequel personne ne prend de décision, mais lequel pourtant a toujours déjà tranché. ‘Être-résolu’, cela signifie : ‘se laisser citer à comparaître’ et ce faisant s’extraire de sa ‘propension à se perdre’ dans le ‘On’. L’irrésolution du ‘On’ n’en reste pas moins dominante, seulement elle n’est pas capable de contrecarrer l’existence résolue. En tant qu’antonyme de l’‘être-résolu’, tel qu’il est compris existentialement, l’irrésolution ne désigne pas une constitution psycho-ontique du Dasein, au sens où celui-ci serait grevé d’inhibitions. Même la résolution à prendre reste dépendre du ‘On’ et de son monde. Dans la mesure où l’‘être-résolu’ donne avant tout au Dasein sa lucidité propre, ce qui est à comprendre va de pair avec ce que ladite résolution ouvre-révèle. Dans l’‘être-résolu’, il y va pour le Dasein de son ‘pouvoir-et-savoir-être’ le plus sien, lequel, en tant qu’il a été lancé, ne peut se projeter que vers des possibilités factuelles déterminées. La résolution à prendre ne se soustrait pas à l’« effectivité », mais elle dévoile en premier lieu ce qui est effectivement possible, et cela en s’en emparant de la manière dont, en tant que ‘pouvoir-et-savoir-être’ le plus sien, cela lui est possible dans le ‘On’. L’‘être-déterminé’ existential du Dasein résolu, tel qu’il est à chaque fois possible, embrasse les moments constitutifs du phénomène existential que nous avons négligé jusqu’ici et que nous nommons la situation. (al. 12) [SZ:298-299; ETJA:§60; EtreTemps60]