VIDE Denken
Penser, Heidegger, de ce terme de Gedanke, le fait remonter au vieux terme allemand de gedanc et à der Gedanc, dont le sens, plus ancien que celui du cœur, de la logique du cœur, selon Pascal, signifierait à la fois, selon lui, Gedächtnis, Andenken et Dank. Il voit dans le Gedanc plus que la notion du représenter logico-rationnel qui n’est pour lui que rétrécissement et appauvrissement d’un sens plus fort, contenant non seulement la notion de sentiment et de cœur, de Gemüt et de Herz, mais celle de Gedächtnis. Cette notion de Gedächtnis signifierait elle-même, non pas le simple souvenir, la faculté de souvenance, mais tout ce qui a trait au Gemüt, au cœur, à l’émotif, à l’affectif, à ce qu’il nomme l’intériorité la plus intime de l’étant humain qui atteindrait, sans aucune réflexion, à l’extériorité la plus grande. Le Gedächtnis a trait à l’âme en général et aurait été initialement l’équivalent de An-dacht: le demeurer rassemblé permanent non uniquement du passé, de ce qui est passé, mais du présent et de l’avenir, de ce qui est et de ce qui sera. Penser, c’est aussi Andenken, c’est-à-dire penser non rationnel et global au devenu, au (45) devenant, à l’advenir, penser intuitif du passé, du présent et du futur dans l’unité infractionnée et étendue d’un An-wesen comme estance ou présence, penser sans médiation et sans acte volontaire de tout ce qui nous concerne. (CHASSARD, Pierre. Heidegger. L’Etre et les choses. Paris: Albatross, 1988, p. 44-45)